La récréation d'une brochette des meilleurs jazzmen belges sur les thèmes mythiques de Lennon et McCartney.
Pourquoi se refuserait-on le plaisir d'une bonne nostalgie de cette plage qui sourdait sous les pavés? D'autant plus que ce petit grain de folie a l'avantage de nous faire (re)découvrir quelques-uns des meilleurs solistes au Nord du Quiévrain. Dès le premier solo de Richard Rousselet (“Eleanor Rigby”), on a compris que les Beatles vont sonner très swing. Presque toutes les époques et les techniques du jazz sont évoquées au Phil des morceaux : jazz rock via la guitare de Jacques Pirotton et petit clin d'oeil rock & roll de Fabrice Alleman au ténor (“Fanfare - Drive My Car”); piano stride. Guitare swing et backings pour “A Hard Day's Night” sur un bel arrangement de Charles Loos; calls and answers humoristiques de “Love Me Do”; un “Blackbird” pas trop bakérien de Phil Abraham qui chante le thème et puis, cerise sur le gâteau, la parfaite trilogie néo-orléanaise sur “ When l'in 64 ” et “Octopus Gnrden”.
Chantal Willie (voc) transforme “Michelle” en une égérie soul de la Tamla Motown, mais j'aime un peu moins son “ We Can Work It Out”, trop appuyé dans l'exposé (n'oublions toutefois pas que c'est du live). “And I Love Her” donne l'occasion à Fabrice Alleman de donner la pleine mesure du bois d'une clarinette qu'il pratique de plus en plus; une clarinette enamourée qui rivalise avec les entrechats du roméopianiste en larges choses. 1h 17' 17" enregistrées d'un concert qui, croyez moi (et je m'y suis repris à deux fois) mérite les standing ovations de Sir John et de Madame Ono.
Jean-Marie Hacquier